mercredi 27 mars 2013

Lasser - Un privé sur le Nil -

J'avoue, j'ai toujours été fan des privés un peu loosers du type de Mike Hammer, Philip Marlowe et autre John Mc Lane. Ils ont un côté éminemment sympathique et touchant. Le genre de gueule cassée qui prend cher et qui trouve son réconfort là où il peut (dans une bouteille de whisky ici en l’occurrence).

Bref, je suis parfaitement dans mon élément. Enfin, pas tout à fait quand même, parce qu'à l'ouverture du livre, si je m'attendais bien à voir un Lasser conforme à mes attentes, il en a été tout autre quant à l'univers proposé par Miller & Ward.

Alors on est dans les années 30. Jusque là, tout baigne. On est également en Egypte. Pas de soucis non plus. Sauf que, l'Egypte dans laquelle zone notre ami détective est un poil différente de celle de mes souvenirs scolaires. Si les grands repères sont bien présents, il y a certaines différences qui mettent très rapidement la puce à l'oreille.
On est dans une version alternative de notre monde, une sorte d'uchronie dans laquelle - et c'est une des principale force du livre - les Dieux gouvernent et se mêlent aux hommes. La dynastie des pharaons existe toujours et Ramses XXVII règne en seul maître.

Voilà. Les bases sont posées. On pourrait donc s'attendre à un joyeux fourre-tout et du grand-guignolesque à foison, mais il n'en est rien. Une fois ce postulat de base posé, les deux auteurs ont parfaitement su canaliser leur imagination pour nous proposer un univers qui, malgré tout, reste cohérent. Une fois la surprise des premières pages passées, on est dans le bain. Et voir Isis débouler à l'hôtel dans lequel loge Lasser pour lui passer un savon devient "normal".

Le livre se découpe en six parties : après une courte introduction (Filature à Marselha), on plonge dans le vif du sujet. Même si les cinq affaires sont indépendantes les unes des autres et pourraient donc être lues dans n'importe quel ordre, elles gardent une homogénéité et font progresser les personnages d'une histoire à l'autre.

Les cinq histoires couvrent un large spectre d'enquêtes. De la plus "intime" à celle dont les répercussions peuvent être cataclysmiques en cas d'échec (évidemment, avec des Dieux dans le coin, ya pas trop intérêt à foirer son coup, d'autant qu'ils ont la sentence irréversible légère).
Elles ont toutes leur lot d'originalité (que ça soit par son thème, ses protagonistes ou les possibles conséquences sur le monde).

Mon récit préféré est L'embrouille féline, qui met en scène un personnage secondaire fort particulier qui se trouve en fait plein de ressources. J'avoue avoir été vraiment bluffé par la fin. Et il n'y a rien de mieux que d'être étonné par ce que l'on lit.

La narration à la première personne est juste parfaitement utilisée. J'avais l'impression d'entendre Lasser me raconter ses aventures. Rien de mieux pour l'immersion. Qui plus est, Lasser use régulièrement d'un jargon argotique fort à propos qui colore un peu plus le récit. D'ailleurs, j'aurais aimé qu'il soit un peu plus présent, cet argot cher à mon ami David et à son Pagan Pandemia. Jean Philippe Lasser se doit d'avoir un langage peu châtié, sinon, ce ne serait pas un vrai privé ! 

Quant aux personnages qui entourent le détective, la palette est très large. Ils sont tous bien campés, et le fait de les voir réapparaître de temps à autre accentue ce sentiment d'immersion dans cet univers fantastique. Un "big up" pour Seth, à mourir de rire, à Hâpi, parfait second couteau et à Isis, qui, malgré son impressionnant statut, n'en reste pas moins quelqu'un de juste.

Pour conclure, que dire de plus ? Rien, si ce n'est que j'ai acheté le second opus (Mariage à l'égyptienne) avant même d'avoir fini le premier.

Si ça, ce n'est pas un gage de pari réussi de la part des auteurs ?

dimanche 17 mars 2013

Maxime Chattam

Parce que pour bien écrire, il faut lire, et beaucoup !

C'est une évidence. Lire ce que les autres écrivent, s'imprégner de leurs styles, repérer des astuces d'écriture, étendre ses connaissances, découvrir de nouveaux auteurs.
Autant de raisons qui sont de la logique pure.
Donc je lis. De plus en plus.

Il y a quelques semaines, j'ai fini un diptyque d'un auteur français dont je n'avais encore rien lu auparavant : le Sieur Maxime Chattam.

Ce que je connaissais de lui, par oui dire, c'était qu'il était prétentieux, vaniteux, qu'il faisait des phrases trop longues, qu'il avait des idées abracadabrantesqes, qu'il s'évertuait à placer ses intrigues aux US au lieu de la France, etc...

Pour Noël, ma petite femme m'offre en BD le premier album de la Trilogie du Mal. Je dévore le truc en 45mn chrono.

Du coup, j'achète Leviatemps.

Plantons le décor : on est à Paris, en 1900. L'exposition universelle vient d'ouvrir et la ville est le centre du monde.
Chattam décrit un Paris plus vrai que nature. Lorsque les protagonistes se promènent dans l'expo, on a l'impression d'y être. Il est évident que l'auteur s'est particulièrement documenté pour bien maîtriser son sujet.

Que nous raconte Leviatemps ?

Un jeune écrivain en manque d'inspiration du nom de Guy de Timée fuit sa femme et sa famille pour se réfugier dans un bordel, espérant ainsi que l'inspiration revienne et qu'il puisse, enfin, écrire "le" livre.

Une fille du Boudoir de Soi est découverte assassinée et affreusement mutilée devant l'entrée du bordel.

Troublé par la violence et la rage qui ont conduit l'assassin à laisser sa victime dans cet état, Guy décide de le rechercher pour le trouver, la police semblant se désintéresser (ou vouloir étouffer) l'affaire.

S'ensuit alors une plongée assez vertigineuse dans la fange humaine et les tréfonds de la violence. Tout au long de l'intrigue, Guy va nous emmener dans une "balade" dans Paris, pour le pire.... et le pire.

Le style est simple et fluide. Les pages défilent, l'intrigue avance, l'étau se resserre.
Jusqu'au final. L'histoire s'achève alors sur la découverte de coupable. Classique mais efficace.


Le lendemain, j'achète la suite (écrite un an plus tard).

Même personnage, exilé de Paris suite aux évènements du premier tome. Réfugié chez un homme dont il a croisé le chemin plus tôt, il reprend goût à la vie.

Jusqu'à ce qu'un nouveau meurtre se produise près de l'endroit où il se trouve...

Et là, je me dis : "Mouais, ficelle facile pour remettre le personnage en selle".

Certes, mais ça fonctionne bien quand même. D'autant que l'histoire est foncièrement différente de celle du premier opus (heureusement !).

Mais elle se termine aux 2/3 du livre.... Il reste presque 200 pages.

Mais B***** ! Il va faire quoi de la fin ?

Et c'est là où je tire mon chapeau à Mr Chattam. Un détail fait tiquer Guy. Et là, tout bascule.

Finalement, on se retrouve avec une seule et même histoire sur les deux livres !
Inutile de vous dire que j'ai torché la fin en quelques heures, et, qu'après l'avoir reposé, j'ai souri intérieurement en repensant à certains détails du premier tome qui m'avaient paru sans intérêt, ou totalement anodins... Et qui finalement ne le sont pas du tout.

Bref, voilà en quelques mots pourquoi je trouve Chattam excellent.

Alors, si vous ne connaissez pas cet auteur, commencez par ce diptyque : vous serez forcément enchantés !